L’univers graphique des affiches de film est riche et très varié. Une image clé, un détail, un mot, un univers dense ou au contraire très épuré... Les possibilités sont multiples et il n’existe pas de recette miracle pour qu’une affiche et un film puissent rencontrer leur public. Loin des codes visuels utilisés par les superproductions, il existe des approches plus graphiques et radicales donnant naissance à des visuels minimalistes. Certains graphistes s’essayent à l’exercice et retraduisent en version minimale des affiches de films à grand succès (Kill Bill, Orange Mécanique, Batman, Matrix...)
La simplicité, une idée de fond.
C’est dans cette logique que l’affiche de Danube a été imaginée : réduire le film à l’essentiel. Faire voyager, raconter sans trop dévoiler. Pour y parvenir, il m’était nécessaire d’avoir un échange avec Bertrand. N’ayant pas encore eu la chance de visionner le film, j’ai du m’appuyer sur ses récits, des photos, les rushs... Toute la matière brute me permettant de me projeter dans l’aventure. Le sujet du film, le road trip et les rencontres appelaient naturellement une foule d’images qui semblaient toutes intéressantes à traiter. La phase de recherche et de croquis à été foisonnante et les angles d’approches étaient multiples. J’ai finalement conçus 4 brouillon qui parlaient du film de 4 façons différentes, chacun à leur manière. Lorsqu’il a fallu choisir, Bertrand m’a demandé quelle approche était ma préférée. Malheureusement pour lui, j’aurais aimé pouvoir pousser chacune d’entre elle jusqu’au bout. J’étais donc bien incapable de choisir. C’est lui qui à entériné le choix. Merci pour cela !
Rester simple dans la forme.
Je pratique la sérigraphie de façon artisanale depuis plusieurs années. Aujourd’hui au sein de l’atelier Superseñor, un atelier de micro-édition situé à la friche artistique de Besançon, dans le quartier des Prés de Vaux. Les contraintes liées à cette technique d’impression sont très particulières et ont conditionné ma façon de concevoir des images : une palette de couleur volontairement réduite, des formes simples, des couleurs en aplat. La palette des couleurs utilisées pour l’affiche a été conditionnée par plusieurs critères. En premier lieu, la couleur du fameux Jumpy. Même si il est différent de la couleur réelle, je me suis contraint à utiliser un bleu foncé faisant référence au véhicule. Puis un cyan pour la couleur du fleuve. Pour pouvoir contrebalancer la froideur de ces nuances de bleus, je suis allé chercher une couleur complémentaire (un orange tirant sur le rouge) faisant référence à la couleur du vin, le fil rouge... Et enfin, un fond beige, chaleureux, un renvoi au sable, à la terre...
Un dernier élément, mais pas des moindre, fut le choix typographique. J’ai dessiné à la main les caractères composant le titre de l’affiche. La texture et les divers accidents volontaires du dessin de chaque lettre sont faits en cohérence avec l’univers visuel de l’affiche. Mais il fallait déterminer un caractère complémentaire, utilisé pour des informations diverses. Le choix de ce caractère devait avoir du sens vis à vis du projet et fonctionner harmonieusement avec le dessin du titre. Je me suis tourné vers le caractère Transport, dessiné dans les années 60 par Jock Kinneir et Margaret Calvert, et utilisé sur les panneaux de signalisation routière.
Et comme nous n’aimons pas faire les choses à moitié, nous avons imprimé l’affiche en sérigraphie à l’atelier Superseñor, en 4 passages et manuellement.
Et après ?
L’aventure ne s’arrête pas là. Viennent ensuite les déclinaison en version allemandes, anglaises, roumaine et... chinoise ! Ma préférée, car les idéogrammes donnent un visage neuf au visuel. En espérant que l’affiche trouvera son public là bas.